En 2011, plutôt que Paris en bouteille, c'est la boutique diptyque qui se retrouve en flacon... de parfum ou en bougie.
Comme un appareil photo capturant des images, les odeurs de la boutique entre bougies et parfums, bois ciré du mobilier, tiroirs renfermant des savons... sont capturées pour figurer une nouvelle partition : notes de figuier, de baies, de feuilles de cassis, odeurs d’épices, de baumes et de miel, bouquet délicat et multiple des fleurs, mousse humide... c'est 34, boulevard Saint-Germain...
Ma préférence va à la bougie.
Aujourd'hui, avec les beaux jours, ce 34 prend une nouvelle fraîcheur en partant d'une envolée d'orange amère, de verveine, de citron, de pamplemousse, de lavande, pimentée d'une noix de muscade, de baies de genièvre et de feuilles de cannelier, soutenu par la feuille de bouleau empruntée à Philosykos. En coeur, le géranium d'Egypte, la tubéreuse sur fond de cèdre de Virginie, de patchouli, d'une pointe d'encens et de ciste d'Espagne, complété de muscs.
A la manoeuvre, Olivier Pescheux dont vous avez pu lire l'entretien en début d'après midi.
Le motif prétorien issu des premiers tissus, un flacon ovale, les étiquettes maison mais un bouchon blanc, nouveauté au regard des codes maison.
A découvrir fin février chez diptyque et chez vous en jouant avec moi : pour gagner un flacon de l'Eau du 34, envoyez moi par mail à l'adresse [email protected], la mention "jeu diptyque", avant samedi minuit. Un tirage au sort se déroulera dimanche pour désigner un gagnant.
Nous poursuivons notre visite chez diptyque avec le parfum.
Pas de nez maison mais un travail mené avec trois parfumeurs qui travaillent depuis longtemps avec diptyque : Olivia Giacobetti, Fabrice Pellegrin et Olivier Pescheux.
Afin de mieux comprendre leur travail et leur relation à diptyque, Olivier Pescheux, parfumeur chez Givaudan a répondu à quelques questions que je me posais.
S'il porte comme moi Bel Ami d'Hermès, sa réputation est surtout portée par les parfums qu'il a créé dont Higher de Dior, Arpège pour Homme de Lanvin ou bien encore Boss Sélection, sans oublier le hit : 1 Million de Paco Rabanne
Après être sorti de l'ISIPCA, l'école du parfum, il part comme coopérant à Bangkok, pour une société grassoise et revient en France chez Annick Goutal et KAO, une société de parfums japonaise, avant d'intégrer Givaudan en 1999.
Lauréat 2010 du Prix International du Parfum, il affirme aimer explorer les possibilités offertes par les ingrédients de synthèse, les combiner avec des naturels et découvrir de nouvelles harmonies olfactives.
Pour diptyque, il a créé notamment 34 boulevard Saint-Germain ou la collection de 4 colognes en l'honneur de l'originale L'Eau qui fêtait ses 40 ans en 2008 : L'Eau de l'Eau, l'Eau de Néroli, L'Eau des Hespéridés, l'Eau de Taracco, sortie en 2009.
Si certains ont décrié l'aspect trop brouillon du 34, d'autres ont encensé la collection de Cologne. Une évidence : le parfum déchaîne passion et critiques. Voici sa vision.
Comment vous définissez vous : nez ou chimiste ?
Parfumeur ! le nez est mon outil de mesure, celui qui me permet d’évaluer si ma réalisation est en cohérence avec l’ idée que j’avais en tête de la fragrance …
Pouvez vous définir votre travail ?
Un métier d’artisan…celui d’écrire une histoire olfactive, de réaliser en collaboration avec la marque un parfum qui saura séduire, créer du plaisir
Connu pour avoir développer de nombreux parfums à succès, de toutes vos créations de quel parfum êtes vous le plus fier ?
A chaque époque, il existe des succès liés à des moments, des rencontres qui peuvent être plus marquantes. Mais je n’ai en aucun cas de hiérarchie dans mes créations…c’est un peu comme demander à des parents, quels enfants ils préfèrent… impossible d’y répondre
Dans votre métier, pourriez vous refuser une proposition ? ou, comme un avocat pourriez vous défendre toutes les causes ?
Le fait est que la sélection se fait tout naturellement…les projets avec lesquels je ne suis pas à l’aise, sont ceux qui n’aboutiront pas, sur lesquels je vais buter
Comment décririez vous votre relation avec diptyque ?
Une relation d’amour ;-) une relation simple, ce qui ne signifie pas « facile ». les parfums diptyques sont souvent difficiles à réaliser mais la compréhension du projet, elle, est immédiate, et son élaboration, une liberté créatrice…
Comment naît un parfum avec diptyque ? est il possible de faire des propositions ou l'idée est telle définie dans un brief ? quelles sont les principales étapes ?
La notion de brief marketing n’existe pas chez diptyque. les idées fusent, l’envie de sublimer les matières premières, de raconter une histoire prennent le pas sur toutes autres notions. Elles sont parfois des coups de folies, comme le 34 boulevard saint germain… cette folle aventure fut menée avec énergie et envie. Le 34 boulevard saint germain a un squelette commun sur les fragrances maison et corps…concernant L’eau du 34, nous sommes donc reparti de ce squelette, car nous devions transposer la senteur pour la maison en eau de toilette. Il a fallu arrondir les angles notamment ceux des notes fusantes que l’on trouve dans les notes de tête de la fragrance pour la maison.
Nous pourrions parler de 4 étapes : l’idée/ la réflexion de part et d’autre, du parfumeur et de la marque, sur les facettes qui sembleraient intéressantes à travailler/ la mise en commun de ces idées (parfumeur+ équipes de diptyque)/ la réalisation
Quel est selon vous la spécificité d'un parfum diptyque au regard d'un autre ?
L’exercice est réussi quand on a respecté l’univers olfactif, libre et ouvert de diptyque. Chaque parfum diptyque est doté d’une écriture forte, accentuée par l’accident olfactif cher à la maison, c’est un hymne à la matière première, un vrai parti pris olfactif.
Comment assis face à une table retraçant toute l'histoire du parfum d'une maison plus cinquantenaire embrasser l'essence des choses ?
Des flacons de verre, des ovales, des noms évocateurs de voyage, de sens, des odeurs... entre les eaux, les eaux de toilette, les eaux de parfum et même ces parfums solides, l'exercice est périlleux.
Boutique fondée en 1961, le parfum s'intègre très vite avec des pots pourris, des parfums issus de la parfumerie traditionnelle anglaise, Desmond Knox-Leet passionné par les odeurs, endosse le rôle de nez maison et propose de créer la première eau de toilette, inspirée d'une recette ancienne, du XVIème siècle, à base de cannelle, de rose, de clou de girofle, de géranium et de santal.
Cette eau prend le nom de L'Eau, un parfum mixte qui va à l'encontre des parfums capiteux de l'époque dans le sillage d'Eau Sauvage de Dior, Ô de Lancome ou bien encore Eau de Rochas.
Jusqu'à sa mort en 1993, Desmond n'aura de cesse de se procurer des essences dans les herboristeries à Paris ou à Londres, de rapporter des épices de ses voyages, des fleurs, des aromates.
La tradition s'est perpétuée depuis cette date en intégrant depuis des notes de synthèse pour enrichir encore les possibilités.
Ce sont aussi les voyages de Desmond et de Yves qui les inspirent. Ils parcourent l'Europe, le Moyen Orient, la Russie, en 2CV, Dauphine ou 4CV et transforment leur récit de voyage en parfum : Tam Dao, Do Son, L'Ombre dans l'Eau, Philosykos, Oyédo ou le dernier sorti l'an passé : Volutes inspiré des souvenirs d'enfance d'Yves au Tonkin, de l'odeur de tabac blond des cigarettes égyptiennes...
Le dernier né, l'Eau du 34 fait écho au premier parfum, une eau sophistiquée et facile à vivre.
A découvrir en fin de journée sur le blog (avec un cadeau à la clé), et à la fin du mois chez diptyque.
diptyque, c'est un peu comme meetic. C'est pour la rime car au delà, certaines comparaisons seront à proscrire. A vous de juger...
Pour trouver la bonne bougie et la garder longtemps, 4 règles d'or :
- faire le bon choix : quand vous achetez une bougie, donnez une petite claque sur le fond du verre plein sur un coussin. Une fois le pain de ciré délogé, la fragrance se laisse découvrir par sa trace olfactive au fond du verre. A froid, la bougie dévoile le parfum qu'elle exhale une fois allumée.
- maîtriser le temps : au premier allumage, laissez la bougie brûler une heure afin que la mèche s'imprègne de paraffine et se consume parfaitement. La cire se creusera ensuite de façon homogène. Pour les autres fois, laissez brûler la bougie par tranche de 2 ou 3 heures.
- soigner la mèche : coupez la régulièrement comme les tiges d'un bouquet afin d'éviter que la bougie ne fume. Recentrez la également régulièrement pour éviter que le verre ne noircisse.
- préserver sa relation : évitez de placer votre bougie dans un courant d'air et placez la idéalement sur un socle pour éviter un contact direct avec une surface de verre, bois ou marbre. Ne la déplacez pas allumée ou chaude. Pour préserver sa senteur, posez un couvercle sur celle-ci quand elle est refroidie.
Pour ce mercredi, je voulais aborder un autre registre que celui des odeurs ou du parfum qu'il soit de la maison ou de soi.
Ainsi, comme le disait ma grand mère, l'essentiel n'est pas de sentir bon mais d'être propre. Même si les deux ne sont pas antinomiques, il y a une évidence : prendre soin de soi avant le parfum.
Idéal pour ce jour de RTT pour nombre de lectrices notamment...
diptyque nous le propose de façon décalée encore une fois sous la dénomination : l'Art du Soin
Quelle drôle d'idée que de transformer le rituel du soin pour le corps en art... C'est avec une vision toujours iconoclaste que diptyque envisage d'investir ce nouveau territoire.
Il y a un peu de l'"Oficina Santa Maria Novella", une des plus anciennes pharmacies de Florence dans ce que nous propose diptyque et bien plus encore car il est aussi question d'histoire, de géographie, d'Antiquité et de voyage, du Bassin Méditerranéen aux portes de l’Orient.
Les destinations proposées nous ramènent à une sorte de rêverie : Carthage, Reggio de Calabre, Alexandrie, Byzance, Rhodes, Corinthe, Cordoue, Grasse aussi et bien sûr Florence ...
J'en viens presque à déceler une des merveilles du monde pour y ajouter Babylone, Ephèse ou Elide et pourquoi pas l'Atlantide dans ce voyage des sens. Mais ce n'est pas moi qui suis à l'origine de cette gamme.
Chacune de ces escales (qui n'ont rien à voir avec celles de Costa Croisières) a inspiré un soin pour le corps, ses ingrédients bienfaisants, son parfum et sa gestuelle. « L’Art du Soin» est une gamme sensorielle, poétique, destinée à faire du bien au corps et à l’âme, autour de 10 produits.
Chaque packaging est recherché suivant le geste qu’il contiendra, dans un esprit « apothicaire » .
Des produits qui peuvent, au delà de leur usage pour le corps, "décorer" une salle de bains. L’ovale reprend l’ingrédient icône du produit et la première lettre du nom français du produit, à la façon d’une enluminure. Inspirés des codes des produits de soin, l’usage et les bénéfices du produit s’affichent sur l’étui.
Pour le corps :
- Carthage est une pommade exfoliante pour le corps. On y retrouve de l'huile de grenade. Didon qui fonda Carthage en 814 avant JC, en installa dans tous les vergers de la ville - Reggio de Calabre est un gel lavant revigorant à base de bergamote qui fut l'un des symboles de cette ville de la "Grande Grèce" - Alexandrie en référence à la ville berceau des parfums, un lait frais pour le corps - Byzance, une crème riche pour le corps, à l'eau florale de rose turque - Florence, des huiles précieuses pour le corps et le bain, au parfum d'iris - Rhodes, un voile satin pour le corps et les cheveux, à l'absolu jasmin, plante rapportée par Alexandre Le Grand de ses conquête.
Pour les mains :
- Grasse, un savon liquide à la lavande fine de Provence, déjà appréciée dans l'Antiquité - Corinthe, une émulsion velours à l'eau florale d'immortelle, symbole d'éternité - Cordoue, un baume généreux, à l'huile d'amande d'abricot, fruit favori d'un des survivant de la dynastie Omeyyade
Pour les lèvres :
- Fès est un onguent fondant pour les lèvres contenant du maçerât de pétales de coquelicot, en référence à la tradition des akers des femmes berbères, rouge à lèvres naturel contenu dans un petit couvercle en terre cuite récupérant le pigment rouge du coquelicot pour sa couleur et ses vertus.
Même s'il ne fait pas partie de la gamme mais bien de mon art du soin, j'y ajouterais Vinaigre de toilette que j'utilise dans le bain, et sur le coprs après la douche.
Je n'ai pas encore tout essayé mais le week end qui arrive devrait me donner le temps de faire ce voyage!
Myriam Badault l'annonçait dans son interview ce matin : pour fêter les 50 ans des bougies diptyque, de nouvelles senteurs seront proposées cette année, issue de l'herbier confectionné recueillant plantes et fleurs du monde entier.
Avant l'été avec Eucalyptus, voici, en exclusivité pour le blog, la bougie Jonquille.
Une belle idée car la jonquille sauvage est en passe de devenir une espèce protégée. Avec l'urbanisation, elle se réfugie dans les sous bois alors que son habitat naturel était les prairies humides. Dans certains régions, la cueillette est restreinte : la Creuse autorisait l'an dernier au maximum la cueillette de 10 tiges par personne!
Avec diptyque, aucune restriction et donc aucune crainte de franchir...la ligne jaune.
Pour fêter ce lancement, diptyque offre une bougie aux lecteurs du blog.
Pour gagner, c'est très simple. Ecrivez moi à l'adresse [email protected] avec la mention "jeu diptyque", avant samedi minuit. Un tirage au sort aura lieu dimanche pour désigner un gagnant.
«Un seul printemps dans l’année... , et dans la vie une seule jeunesse.» Simone de Beauvoir, écrivain français (1908-1986)
La bougie Jonquille est en vente au prix de 42€ la bougie 190g sur le site de diptyque
Dans mon parcours d'initiation, j'ai pu rencontré Myriam Badault à deux reprises, notamment lors du lancement du parfum "Volutes".
Directrice marketing, elle perpétue l'oeuvre des créateurs en la maintenant toujours dans la modernité, et en se remettant systématiquement en questions.
A ce propos, j'ai pu lui poser toutes les questions que je me posais depuis ma plongée dans cet univers.
1/ La maison propose très régulièrement des nouveautés. Quelles sont les prochaines nouveautés ?
Ce qui est passionnant chez diptyque, c’est la multiplicité et la diversité des projets, et ceci est vraiment lié à l’histoire de la marque (créatrice et éditrice de tissus à l’origine), à l’éclectisme et à la curiosité de ses fondateurs.
Aujourd‘hui nous imaginons des projets liés aux parfums pour la maison, pour soi, des produits de soin, et de petits objets de décoration.
Le fil rouge entre ces univers reste le parfum, la narration, un parti pris créatif, l’esthétisme et la qualité.
Sans pour autant se prendre au sérieux ! mais il est important qu’un projet soit juste et qu’il ait du sens.
Nous travaillons actuellement sur de nouveaux parfums. Nous entretenons en permanence des conversations avec les quatre parfumeurs – Olivia Giacobetti, Cécile Matton, Olivier Pescheux et Fabrice Pellegrin- avec qui nous créons nos fragrances.
Certains projets peuvent être finalisées en un an, d’autres ont pris jusqu’à trois ans.
Notre prochaine Eau de toilette s’appelle Eau Mohéli, elle sera lancée début mai. C’est un projet très important pour nous car il nous permet de mettre en avant notre savoir faire en terme de matière première et notre implication réelle sur le sujet. Pour assurer le développement d’une qualité très spécifique d’Ylang, entrant dans la composition de l’Eau Mohéli, nous nous allions à Givaudan, pour la mise en place de pépinière d’Ylang, sur l’île de Mohéli, dans l’archipel des Comores.
Nous préparons également un projet très important en terme d’innovation pour l’automne. Il s’agit d’un objet, avec une forte dimension décorative, permettant de parfumer son intérieur. C’est un objet qui en terme d’usage et de rémanence va venir compléter notre collection qui se compose aujourd’hui d’ovales parfumés, bougies, vaporisateur d’ambiance et sablier.
Sabliers, dont la gamme de senteur sera étendue au printemps.
Et l’année sera émaillée de nouvelles senteurs de bougie, une pour chaque saison.
L’année 2013 marque en effet le cinquantième anniversaire du lancement du premier trio de bougie parfumée diptyque, Thé, Aubépine, Cannelle. Et nous souhaitions célébrer cet évènement en enrichissant notre collection avec de nouvelles senteurs. Le printemps nous permet de découvrir la Jonquille et pour l’été nous avons créé une bougie Eucalyptus
2/ En tant que directrice de création, comment alimenter son imagination et être en permanence en veille, travail solitaire ou collectif ?
Il faut être curieux de tout et tous, très à l’écoute.
Nous avons la chance d’évoluer dans un univers de marque extrêmement riche, polymorphe. C’est un peu comme un prisme, les sources d’inspiration sont là , tout dépend de la façon dont vous les regardez et les interprétez. A mon sens cette marque est un formidable catalyseur.
Tout est prétexte, une recette de cuisine peut être à l’origine d’un accord parfum inattendu, une matière première de parfumerie, un geste du quotidien que l’on aura envie de réinventer, un souvenir, un lieu, un livre, le travail d’un designer ou d’un graphiste, la conception d’un objet, …et puis à un moment tous les éléments s’assemblent, résonnent et donnent un vrai sens et une légitimité au projet.
Il suffit de regarder, d’absorber, de partager avec les talents créatifs, qu’ils soient parfumeur ou designer, les industriels et les artisans, chacun apportant sa sensibilité et son savoir faire au développement d’un projet. Après avoir imaginé et partagé une vision du projet avec tous ceux qui vont intervenir lors du développement , mon rôle devient plus celui d’un chef d’orchestre !
3/ Au delà de la création, quel est le secret pour concilier, réaliser plusieurs lancements en même temps, penser aux futurs produits, faire vivre les gammes ?
Comme je le disais précédemment il faut entretenir des conversations permanentes. Il faut savoir se laisser du temps (la chose la plus précieuse !) et un peu de liberté pour pouvoir penser hors cadre, faire des projets plus prospectifs qui ne verront le jour qu’à une toute petite échelle mais permettront de tester une gestuelle, d’explorer l’usage d’un matériau, l’esthétique et l’ergonomie d’une forme, d’évaluer la cohérence par rapport à l’univers de la marque.
Nous avons aujourd’hui nouer des liens avec des talents créatifs que nous choisissons en fonction des projets. L’idée est de construire une équipe totalement dédiée autour de chaque projet. Pas de compétition.
Si au démarrage du projet, notre vision est suffisamment claire et définie, il n’y a pas de raison pour que nous n’arrivions pas à le formaliser. Cela peut juste prendre un peu plus de temps que prévu !
Je pense que c’est très enrichissant de gérer plusieurs lancements en même temps. Cela permet de se concentrer sur différentes problématiques, de pouvoir prendre du recul, cela permet également de préserver la cohésion de la marque et de son expression au travers de ses produits.
4/ diptyque a voulu retraduire l'odeur de la boutique à travers le 34 boulevard Saint Germain. À l'origine il y avait des tissus chez diptyque. Avez vous déjà imaginé un parfum qui reproduirait l'esprit de ces tissus toujours contemporains ?
Très honnêtement nous ne l’avons jamais envisagé, car cela ne correspond pas à la façon dont nous créons les parfums (pour la maison, ou pour soi).
Au départ de chaque senteur, il y a toujours une expérience tangible, un lieu, un souvenir olfactif, une matière première… exprimer « l’esprit des tissus en parfum » est un travail beaucoup plus conceptuel et subjectif.
C’est une autre façon d’aborder la création olfactive, mais pourquoi pas….
La capture d’odeur, ainsi que les évolutions en terme de traitement des plantes à parfum, la mise en place et la restauration des filières de matières premières, sont aussi des champs d’exploration sans fin !
5/ diptyque est réputé pour ses produits dont ses bougies. De belles senteurs, un joli packaging mais qu'est ce qui explique le prix d'une bougie diptyque là ou certains ne voient que de la paraffine dans un verre de cuisine ?
Ce qui explique le prix d’une bougie diptyque c’est la bougie en elle-même et non le packaging comme vous le soulignez si bien.
Ce qui distingue une bougie diptyque ce sont :
- Le parfum
- Le mode de fabrication
La mise au point d’une bougie est techniquement plus complexe que celle d’une eau de toilette, la chaleur venant interférer dans la diffusion du parfum.
Certaines matières premières ont besoin de beaucoup de chaleur pour diffuser, d’autres se dénaturent au contact de la chaleur….
L’objectif est de trouver le meilleur compromis entre le parfum, la formule de la cire et la taille de la mèche, pour obtenir d’une senteur à l’autre le résultat le plus homogène possible en terme de performance olfactive et de qualité de brûlage.
Ce qui signifie concrètement qu’entre une bougie Figuier 70, 190, 300, 1500 g, la formule de la cire va être étudiée de manière à être adaptée au contenant, nombre de mèche…
A chaque senteur correspond un assemblage de cires spécifiques et une mèche. Le cycle de fabrication est de deux jours, et nécessite douze opérations manuelles. Nous glissons maintenant dans nos produits une notice, qui nous permet de partager avec nos clients ce savoir faire spécifique.
La mise au point des parfums est tout aussi complexe que pour une Eau de Toilette, et nous ne nous interdisons pas l’usage de certaines matières pour des raisons de coût.
Pour compléter la réponse, Myriam m'a donné l'exemple de la bougie géante Tubéreuse "intérieur et extérieur", de 1 500g disponible au prix public de 190€.
Pour la réaliser, diptyque s'est associé avec la célèbre manufacture de porcelaine de Virebent, installée dans le Lot, en France, depuis 1924.
Choisi pour son touché rustique et son impact visuel artisanal, le grès donne vie dans la matière à l’ovale graphique, emblématique de la marque.
Exclusivement manuel, le processus de fabrication de cette bougie diptyque ne nécessite pas moins de neuf opérations successives.
La barbotine, mélange de terre et d’eau, est coulée dans un moule de plâtre, où elle se love dans la forme creuse de l’ovale.
Après une longue attente de plusieurs heures, il est ensuite cuit à 980°, puis recouvert d’émaux, à l’intérieur et à l’extérieur, puis estampillé sur le dessous du nom des deux maisons.
Une dernière cuisson à 1280° fait fondre l’émail qui, fusionnant avec la terre, lui apporte une solidité et un fini subtil, brillant satiné.
La bougie « intérieur et extérieur » est présentée dans une boite à chapeau, fermée d’un large ruban, un étui délicat qui apporte un supplément d’âme à cette édition d’exception.
Afin de parvenir à la parfaite restitution de son concentré, la bougie « intérieur et extérieur » bénéficie d’un assemblage de cires de grande qualité, spécifiquement mis au point et évalué à chaud et à froid par un cirier. Pour garantir la combustion optimale et homogène de chaque bougie, le choix de la mèche joue aussi un rôle primordial, ici au nombre de 4, tressées en coton, armées en leur centre de cellulose.
Pour illustrer le tout, voici une courte vidéo :
6/ D'eaux de toilette, diptyque propose des parfums, une volonté de gagner en intensité ?
L’idée derrière les Eaux de Parfum est double :
- Avoir des produits plus rémanents
- Mais également apporter un nouvel éclairage sur ces notes en exacerbant une des facettes olfactives.
Il ne s’agit pas simplement d’une montée en concentration, qui d’ailleurs peut s’avérer extrêmement décevante… nous l’avons vécu sur Do Son, ou nous avions poussé la concentration à 30% et il ne se passait rien ! mais d’un vrai travail de recréation, visant à mettre en évidence une autre facette de la fragrance, de son histoire… certaines matières premières sont ajoutées, d’autres surdosées.
La collection sera enrichie à l’automne d’Eau de Parfum pour Tam Dao et Eau Duelle.
Pour Tam Dao, nous avons cherché à renforcer la facette boisée de la note tout en restant très fidèle à l’inspiration indochinoise de la note et à la spécificité olfactive du Santal de Mysore qui entre dans la composition de la note.
Totalement déraisonnable.
Le flacon qui abrite les Eaux de Parfums véhiculent tout à la fois cette idée d’intensité (le noir) et d’autres éclairages (les illustrations sont traitées en négatif). Il confère aussi à ces produits une certaine forme de sophistication.
7/ Pourquoi un parfum diptyque plutôt qu'un autre ?
Pour ses parti pris olfactifs et pour son écriture.
Il y a une histoire derrière chaque senteur, et une vraie volonté d’aborder la création olfactive avec liberté, en dehors des sentiers battus, sans chercher à tester la performance d’un produit.
La dimension créative prime, le plaisir de découvrir une odeur et de la porter est essentiel.
Notre façon de répondre aux attentes et à la diversité de nos clients se fait par le biais de notre collection qui compte aujourd’hui une vingtaine de senteurs allant de la Collection Hespéridés à Volutes en passant par le 34.
Le lien entre toutes ces notes est ce que nous appelons l’accident olfactif. Il s’agit d’un accord, une alliance de matières premières, qui va créer une aspérité dans la note, un léger défaut, qui va créer de l’intérêt et de l’addiction.
C’est notre secret de création… »la diptyque touch »
8/ Il y a eu le pot pourri, puis les bougies, puis les parfums mais aussi le soin, d'autres univers sont ils explorables ? et si oui, lesquels ?
L’histoire de cette maison fait que de multiples univers sont explorables, liés à la décoration de la maison, aux accessoires , aux textiles… c’est un formidable champ de recherche et d’expérimentation pour les années à venir… mais il faut que les choses aient du sens, qu’elles soient parfaitement exécutées, et que l’on ait le sentiment qu’il n’aurait pu en être autrement.
35 bougies différentes aux noms désormais mythique (Ambre, Choisya, Foin Coupé, Opopanax, Oyédo, Vétyver...) au format classique de 190 grammes et des exclusivités à retrouver en boutique,
4 bougies colorées de 300 grammes (Baies "noire", Feu de Bois "grise", Figuier "verte", Tubéreuse "rouge"),
4 bougies "intérieur et extérieur" de 1.500 grammes (Baies, Feu de Bois, Figuier, Tubéreuse) et une série de mini bougies de 70 grammes proposée chaque saison.
A cela s'ajoute des vaporisateurs d'intérieur, des palets parfumés, 3 modèles de photophores et un sablier.
Cet étonnant inventaire pourrait résumer les 50 ans de la bougie chez diptyque. Mais cela pourrait être trop restrictif...
Tout a commencé... en 1963 à Sainte Geneviève des Bois sur proposition du cirier de diptyque qui propose 3 parfums : Aubépine, Cannelle et Thé.
De produit de luxe, le trio diptyque souhaite en faire un objet simple, authentique et de qualité, reprenant l'idée de la chandelle arrivée au VIIIème siècle grâce aux vénitiens, empruntant déjà à la tradition arabe.
Des étiquettes faites à la main posées sur des verres achetés au BHV... aux bougies fabriquées depuis ce temps, par le cirier Jean Claude Bullens, à Argenteuil.
Puisqu'il y a encore tant à dire, je ne vais pas vendre la mèche...retrouvons nous cet après midi... pour quelques informations brûlantes
De diptyque, certains, comme moi, jusqu'à un passé récent, ne connaissent que leurs bougies parfumées. D'autres ont découvert leur parfum et certains apprécient les produits de l'Art du Soin. De l'ovale des flacons aux codes graphiques et le noir et blanc des étiquettes, ou bien une odeur familière, c'est tout cela diptyque.
Pourtant, après une visite à la boutique historique, j'ai découvert un univers si riche que la simple évocation de la sortie de telle ou telle nouvelle bougie ou parfum m'aurait semblé trop partielle.
Je suis donc parti à la rencontre de cette maison.
Ce n'est pas une mais plusieurs rencontres qui ont été initiées durant plusieurs semaines, afin de mieux comprendre tant diptyque développe un univers riche, et fait appel à de nombreux talents.
Rencontre protéïforme dans le passé et dans le présent pour vous présenter en exclusivité cette semaine quelques nouveautés.
Pour bien s'approprier l'univers de cette maison, il a d'abord fallu que je comprenne son histoire et parte à la rencontre de ses fondateurs, au travers du musée (très privé) situé au dessus de la boutique du 34 boulevard Saint Germain et de la lecture d'un livre qui leur a été consacré par Elisabeth de Feydeau, sobrement intitulé "diptyque".
Remontée dans le temps, entre les années de privation d'après guerre et au début des 30 glorieuses, 3 amis, Christiane Montadre-Gautrot, Desmond Knox-Leet et Yves Coueslant inaugurent leur boutique diptyque en 1961.
Honneur aux dames : Christine, originaire de la Ferté Alais, est diplomée de l'Ecole des arts décoratifs et rencontre en 1949 Desmond Knox-Leet, peintre, par l'intermédiaire d'amis américains. L'année suivante, ils unissent leurs talents pour dessiner et vendre des tissus d'ameublement. Après s'être perdus de vue deux ans où Desmond vivait sa vie de peintre, ils se retrouvent en 1957.
Desmond est très certainement le coeur du trio. Né en 1923 à Londres dans une famille aristocratique. Il passe son enfance en France, à Roquebrune Cap Martin. En 1946, il s'inscrit à l'Ecole des beauxs arts de Paris. Très rapidement, il exposera ses créations. Il continuera sa passion jusqu'à sa mort en 1993. Il n'aura de cesse de trouver son inspiration sous toutes les formes possibles.
Né en 1926, Yves passe son enfance au Tonkin, a fait ses études à l'Ecole du Louvre, et devient guichetier au CIC place Victor Hugo. Il y rencontre, par le biais d'un client, Paul Fréchet, grand décorateur de l'époque, qui lui propose de collaborer à la création de décors de théâtre. De fil en aiguille, il fait la connaissance d'Elvire Popesco et devient son administrateur mais aussi comédien ou il donnera notamment la réplique à Michel Simon. Une carrière théatrale est lancée.
En 1959, il rencontre Desmond et abandonne son métier mais également son envie de peindre pour aider son nouvel ami qui avec Christiane dessine des maquettes de tissus d'ameublement vendus à Londres.
Le trio est formé!
Amis, Artistes, amoureux de la nature et voyageurs, authentique, voilà diptyque!!
En 1961, ils ouvrent, certes Rive Gauche mais dans un quartier un peu éloigné du coeur de Saint Germain, leur boutique dont la vocation est de proposer leurs propres créations de tissu d'ameublement. Flanqué de deux vitrines, le magasin prend le nom de diptyque.
Le tissu ne fait pas recette et c'est à Noël 1961 que des lampions, servant de décoration représentant des animaux de basse-cour dessinés (poule, lapin, dindon...), prisés des clients, donnent l'idée de devenir des "marchands de rien", de proposer des objets d'artisanat, en provenance du monde entier soit finalement le premier concept store en France : du home made (boîtes, encadrement, coussins, sacs, pots pourris), l'art de la table dont des nappes de lins dessinée par une jeune débutante qui deviendra Laura Ashley, de la mode, des livres, des bijoux fantaisie, des photophores, des brûle parfums indiens et de la parfumerie dont les grandes marques anglaises.
Le succès est au rendez vous et ne se départira jamais.
Dans le musée à l'étage, je découvre les fameux tissus toujours aussi contemporains et qui ont façonné l'imagerie de la maison :
Mais aussi tous ces objets qui étaient proposés, un joyeux capharnaüm, ludique, naïf, précieux :
En 1963, les premières bougies parfumées apparaissent : Aubépine, Cannelle et Thé. Nous en reparlerons demain.
En 1964, le parfum fait son entrée dans les rayonnages par le biais de parfums anglais (Penhaligon's, Trumper, Culpeper...). Le premier succès fut un pot pourri "Le Redouté de Mrs Merwin" composé de pétales de roses séchées, avec des épices. La première eau de toilette, L'Eau, naît en 1968.
Bougies, parfums et un univers esthétique fort initié par les tissus.
Des produits s'imposent, les codes de la maison se mettent en place.
L'ovale est une des formes présente sur les premiers modèles de tissus, inspiré de l'architecture gréco romaine comme sur le tissu "Choriambre" représentant de petis ovales placés dans des rectangles et ornés de lignes de couleurs ou sur le tissu "Prétorien", un grand motif ovale comme un bouclier de la Rome antique (les deux créés par Desmond).
La charte graphique prend naissance dans la passion de Desmond pour la calligraphie et l'alphabet oghamique provenant de l'écriture celte. Chaque nom de parfum s'écrit comme un rébus, un charivari de lettres à l'encre de chine noire, sur fond blanc, dans une étiquette ovale.
La première étiquette de L'Eau comportait dans l'ovale, une boucle de ceinture, abandonnée plus tard car trop proche de l'univers d'Hermès. Chaque bougie est enveloppé dans un plissé de trois nuances de papier de soie.
L'expansion se fera dans les années 80 et la marque est cédée en 2005 à un fonds d'investissement familial. Depuis cette date, diptyque poursuit son chemin en renouvelant l'inspiration d'origine.
Un beau chemin que je vous propose de continuer demain.
A partir de demain et pour une semaine, je vous invite à entrer dans un autre univers, celui des odeurs, de la maison et du corps, mais aussi celui du voyage... l'univers de diptyque.
Pour s'imprégner au mieux de cet univers, rien de plus évident que de prendre les habits de celui qui souhaite vous faire partager son histoire, son âme, ses projets... aussi le blog s'habille des couleurs de la maison, ou plutôt de ses codes, et change de bannière.
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