Article mis en ligne sur Reuters :
par Pascale Denis
PARIS, 4 novembre - Hermès voit aujourd'hui sa dynamique de croissance freinée par des capacités de production limitées, face à une demande explosive et résistante aux soubresauts de la conjoncture mondiale.
Le chiffre d'affaires du groupe de luxe a totalisé 683,2 millions d'euros au troisième trimestre, affichant une progression de 16%. A taux de change constants, elle est ressortie à 18,2%, sur une base de comparaison déjà très élevée (+20% il y a un an), après une hausse de plus de 20% au premier semestre.
La croissance s'est encore accéléré à 34% à taux constants en Asie hors Japon mais s'est tassée - à un niveau qui demeure cependant extrêmement élevé - à 22% aux Etats-Unis après 34% au premier semestre.
Au Japon, devenu le deuxième marché du groupe aux côtés de la France et derrière la "grande Chine" (comprenant Honk Kong, Macao et Taïwan), les ventes ont repris le chemin de la hausse, avec une modeste progression de 3,2%.
Dans l'Hexagone, elles ont très fortement décéléré à 5,4%, après un bond en avant de 21% au premier semestre, alors qu'elles sont restées très vigoureuses dans le reste de l'Europe (+20%).
Mireille Maury, directrice financière du groupe, a précisé à Reuters que la décélération intervenue outre-Atlantique et en France s'expliquait uniquement par des capacités de production insuffisantes.
Elle a ajouté qu'Hermès ne percevait, à ce jour, aucun ralentissement de la demande de sacs ou de ses célèbres "carrés" de soie.
Les problèmes de capacités touchent surtout la division cuir-maroquinerie, dont la croissance décélère faute d'offre suffisante. Principal centre de profit du groupe, la maroquinerie a ainsi vu la hausse de ses ventes se tasser à 10,3% (à taux constants) au 3e trimestre, après des hausses de 12,6% au deuxième et de 17% au premier.
Sur l'ensemble de l'année, la hausse devrait être limitée à 10%-12%, a précisé Mireille Maury.
NOUVEAUX OBJECTIFS, JUGES ENCORE TRÈS PRUDENTS
En juillet, Patrick Thomas, gérant du groupe, avait déclaré à Reuters qu'Hermès avait largement puisé dans ses stocks et qu'une nouvelle maroquinerie verrait le jour en 2012.
Le groupe, qui emploie environ 2.000 artisans, augmente ses effectifs d'environ 10% par an, un rythme loin de satisfaire l'appétit d'une clientèle peu sensible aux aléas de l'économie, y compris dans les pays matures.
Mireille Maury a ajouté que la constitution d'une holding familiale - destinée à sanctuariser une majorité du capital du groupe face aux appétits de LVMH - était en cours et que le projet serait finalisé avant la fin de l'année, comme prévu.
Le sellier, dans lequel LVMH a pris une participation de 21%, a révisé en hausse sa prévision de croissance pour l'ensemble de 2011, tablant sur une progression de ses ventes comprise entre 15% et 16% à taux de change constants, contre 12% à 14% anticipés auparavant.
Cette révision était largement attendue par le marché, après les très bons chiffres publiés jusqu'ici par tous les grands acteurs du secteur, LVMH, Burberry ou PPR. Elle semble cependant encore très prudente, le groupe ayant d'ores et déjà engrangé une croissance de 20% sur les neuf premiers mois de l'année.
"Le nouvel objectif ne paraît pas très ambitieux", souligne Eva Quiroga, analyste d'UBS.
Hermès a également dit tabler sur une marge opérationnelle courante 2011 légèrement supérieure à celle de 2010, qui avait atteint un niveau historique de 27,8%.
En Bourse, où Hermès, avec un flottant réduit à moins de 7%, évolue davantage au gré des spéculations qu'en fonction des données fondamentales du groupe, le titre avance de 2,2% à 249,9 euros vers 11h30, dans un marché en hausse de 0,5%. Il signe une hausse de 56% depuis janvier, pour une capitalisation boursière de 26 milliards d'euros.
Avec la contribution de Michel Brito et Astrid Wendlandt, édité par Jean-Michel Bélot