Chez Isaac Reina
Alors que je préparais ma rentrée, je me suis intéressé à ce fabricant de sac.
Après avoir été plus de huit ans assistant de Véronique Nichanian pour les collections homme chez Hermès, Isaac Reina s’est installé et a ouvert une maison de sacs à main depuis 2006, tout en créant encore pour Maison Martin Margiela. En arrivant dans son atelier boutique du marais, nous entrons dans un lieu plutôt atypique.
Un atelier tout blanc éclairé par une grande verrière, occupé par deux grands bureaux, avec des ordinateurs et couverts de croquis et de prototypes, plus proche d’un cabinet d’architecte que d’une boutique de luxe. Sur le côté cependant, des sacs sont présentés, sagement accrochés à une longue tringle.
Le vendeur très avenant est en fait … Isaac Reina lui-même. Attentif, il questionne et il écoute, il prend son temps, raconte la genèse de chaque sac, ses sources et décrit ses cuirs.
Ce qui étonne le plus chez Reina, c’est son approche d’architecte de son métier. Son inspiration, il la trouve dans le Bauhaus ou dans le design suédois. D’ailleurs, ses sacs représentent bien ce travail, privilégiant avant tout la fonction par rapport à la forme, épurant les modèles systématiquement, ne laissant apparaître que des jeux graphiques très simples, très géométriques. Les sacs sont très astucieux : des modèles pourtant grands se replient complètement et s’aplatissent comme un origami.
Mais c’est en touchant le sac qu’on voit tout ce que Reina a retenu de ses années chez Hermès. Les cuirs, choisis avec soin, sont vivants, très souples, la fleur n’est pas retouchée. Plusieurs sacs ne sont pas doublés, ce qui permet de voir la qualité des finitions, et surtout de rester en contact avec la matière.
Isaac montre un sac que lui-même a porté deux ans : même forme stricte, même design graphique. Mais le cuir s’est assoupli, assagi. Les lignes se sont amollies, sont devenues sensuelles, douces comme un fruit mûr. Le cuir a gardé son aspect, mais en prenant une teinte veloutée et le toucher de la peau humaine, on croit caresser un dos. Ou un peu comme une veste en velours anglais, aux formes strictes quand on la porte, et qui s'affaisse somptueusement sur la chaise une fois qu’on se déshabille.
Pour finir, il faut être un peu trivial et parler prix. La production est entièrement réalisée à Paris, dans le 20ème arrondissement. Les prix s’échelonnent de 300 à 1.000 euros.
sac présenté n°14 en cuir vert 760 euros.