Un jean Christophe Lemaire

Ce n’était pas sans un léger doute que je retournais à la boutique Christophe Lemaire. Certes le créateur de Lacoste a réalisé des collections très fines, en respectant l’histoire de la marque, mais en lui donnant un tour très jeune et très ludique. Cependant, la dernière collection de sa propre marque partait sur des pièces nettement plus expérimentales, des gurtas, des capes, des grandes écharpes, donnant à n’importe quelle silhouette un aspect un peu dégoulinant.
Arrivé sur place, la réserve s’est transformée en enthousiasme.

Tout d’abord, la boutique, ouverte il y a deux ans, s’est bonifiée.
Le décor très pop, avec son plafond recouvert de dalles dorées, le papier peint en paille de riz mordoré ou le mobilier chiné, a su évoluer avec ces grands matelas et coussins blancs, qui lui donnent l’aspect d’un appartement de producteur de cinéma des années 70 qui reviendrait juste d’Inde. En sourdine, la musique de François de Roubaix accentue le côté cosy …

Ensuite les collections, séparées en deux espaces, d’un côté les pièces les plus fortes de la collection Lacoste, aux couleurs très franches, des polos bien sûr, mais aussi des vestes d’arbitre en coton, noires ou vert vif.

Mais surtout, les collections Christophe Lemaire sont particulièrement réussies. Ce qui surprend le plus, ce sont les couleurs, très raffinées, des teintes terre, kaki, turquoise, associées sourdement et très passées, comme si une tempête du désert était passée par là et avait tout recouvert de sable.
Ensuite, les vêtements sont pour la plupart plutôt faciles à porter, des petits blousons, des jeans, des vestes, mais extrêmement travaillés, comme par exemple ces derbys pointus très simples de forme, mais réalisés en daim perforé, ce qui leur donne une personnalité très affirmée. Les coupes sont très réussies, avec beaucoup de personnalité mais surtout, et c’est encore une spécificité dans un monde où le standard domine, avec une sorte d’exigence auprès de la morphologie de celui qui le porte : ainsi, sur trois vestes essayées, une veste un bouton manifestement adaptée à des hommes très grands, une veste deux boutons destinée à une silhouette juvénile et étroite et une veste, la Lacoste, faite pour un corps beaucoup plus athlétique. Une fois trouvée "sa" veste, c'est un plaisir de la porter. C’est paradoxalement l’assurance de rencontrer des vêtements finalement très adaptés à son corps et très confortables.

Une vraie découverte ! où mon enthousiasme du moment me fera repartir avec ce jean. (180 euros)