Ah mais c’est quoi cet attroupement de personnes joyeuses, chantant à tue tête des airs entraînant, fouettant le vent de sublimes drapeaux rouges !
Figurez-vous que hier matin, j’avais l’impression que quelque chose se tramait… une fête, un carnaval... un remake du nouvel an chinois, une surprise sans doute...
Après avoir passé une délicate soirée avec une amie à déguster un vin délicat et une nourriture raffinée, me voilà parti dès Potron-minet, tout frais, pour m’en aller gagner mon modeste argent destiné à être dépensé dans des échoppes luxueuses.
Et déjà au parking, alors que je comptais récupérer mon auto, j’aperçu quelques inconnus munis de drapeaux rouges. Un Carnaval peut-être ?
Je pressais le pas de peur d’être en retard à une réunion de travail.
La réunion terminée, je réglais quelques mails et demandes urgentes avant de repartir avec un prestataire qui nous conviait à déjeuner dans le restaurant de notre choix.
Après avoir tenté d’échapper aux embouteillages générés par le fameux défilé, nous découvrîmes qu’il s’agissait finalement d’une manifestation destinée à revendiquer des avantages salariaux.
Je ne pouvais qu’y adhérer tant les avantages dont on peut bénéficier dans une grande entreprise me semble effectivement un bienfait de vie : que ce soit le 13ème mois, la participation, l'intéressement ou bien encore tout système d'abondement permettant de s'offrir des CESU ou de financer des tickets restaurants, versés à des périodes correspondant aux soldes officielles, au moment de préparer les vacances, ou d’arrondir des fins de mois rendues difficiles par l’accumulation de soldes presse, soldes privées, et autres tentations. Je ne prends pas en compte tous les autres avantages dont certains sont lotis comme la prise en charge de 50% des frais de transport, les stocks options, et toutes les innovations offertes par le droit du travail et issues sans doute de tous ces défilés de drapeaux rouges.
Arrivés enfin au restaurant, nous hésitons quelques secondes avant de choisir une bonne place en terrasse désertée, grâce à cette manifestation.
Je choisis un tartare préparé devant moi.
Derrière nous, un médecin et son épouse, une vielle Bourgeoise décatie et quelques autres notables locaux.
Le restaurant donne sur une place très calme. Au loin, nous apercevons quelques drapeaux rouges échappés du cortège, sans doute à la recherche d’un sandwich car ils devaient avoir faim après cette longue marche.
Nous échangeons quelques nouvelles de première importance sur le prix du turbot par rapport à celui de la langouste.
Peu avant 15h, le devoir nous appelant, nous repartons au travail. Il fait si beau. Quelques rues plus loin, nous passons devant un lycée. Les jeunes sont au milieu de la route. Des poubelles sont entassées devant la porte et bloquent l’entrée de l’établissement.
Nous ralentissons, et les jeunes s’écartent en nous jettant d’étranges regards.
Je rentre au travail, heureux, repu, l’œil attendri par les belles couleurs des drapeaux.
Pas de morale à cette histoire.
Où étiez vous hier?
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