Après des expériences nombreuses dans les grands restaurants parisiens dont la dernière m'a conduit au Crillon ou bien nos sempiternelles soirées chez Akatsuki, notre japonais d'adoption, je me devais de tenter de nouvelles expériences pour attiser votre curiosité.
Tel un Hulot pour un Ushuaia de l'extrême, un Jean Pierre Coffe pourfendeur de la malbouffe ou tout simplement dans la peau du touriste hollandais traversant la France de l'Est vers le Sud, je me suis arrêté sur une aire d'autoroute, dans un restaurant (ainsi dénommé) au doux nom de "L'Arche". Je précise qu'il ne s'agit pas de l'Arche de Meslay qui bénéficie d'une bonne réputation.
Dans un décor de station service, avec un carrelage à l'ancienne (pas des tomettes mais anciennes au sens vieux), des barrières comme à Disney, sans doute pour créer cette impression d'amusement, nous conduisent vers un amoncellement de plateaux en plastique gris suggérant de les prendre en main pour y empiler toute une nourriture qui nous attend (parfois depuis plusieurs jours? si vous voyez ce que je veux dire).
Les desserts sont disposés sur de la glace pilée, façon rayon de poissonnerie des grandes surfaces, odeur comprise pour une crème brulée refroidie, une tarte aux pommes digne d'une boulangerie de bord de mer en pleine période estivale. Juste après, les plats du jour sont exposés à la façon d'un restaurant chinois exhibant en vitrine ses préparations en plastique.
Pour manger du frais et jouer à fond le rôle d'anthropologue-sociologue, je choisis un steak haché frites, "cuisiné" à l'instant. Sans doute le plat le plus vendu ici et dans toutes les cantines à l'ancienne.
Après le passage en caisse où la générosité de l'établissement s'affiche par des échantillons de ketchup ou de mayonnaise offerts chaleureusement, l'ambiance est renforcée par ces poteaux décorés de ballons multicolores.
Pour jouer le jeu à fond, nous nous plaçons à proximité des jeux d'enfants pour profiter à plein des hurlements enfantins, de la bousculade provoquée par des passagers d'un bus et avoir un joli point de vue sur le parking de l'aire d'autoroute, renforcant ce sentiment rare de départ, de voyage, de nouvelles aventures.
Je m'en voudrais d'oublier l'évocation de la qualité du service et la surprise de voir le personnel naviguer entre les tables, armé de précieux bacs en plastique qui contiennent toute cette vaisselle laissée à l'abandon sur les tables, qu'ils nous exhibent comme des trophées, leur empêchant de nous servir de l'eau. Cela permet au client de visiter la salle, de se rendre à la machine qui distribue encore gratuitement une eau douce et claire, en provenance d'un robinet qui ne s'arrête jamais.
Une fois "dégusté" ce repas d'une simplicité biblique, mais si simple que souvent difficile à réussir (steack au dessus carbonisé et à l'intérieur froid et frites mi écrasées mi calcinées), aussi rapidement qu'une borne essence fait le plein d'une voiture, nous repartons rassasié pour de nouvelles aventures, après un passage aux toilettes qui nous rassure sur l'hygiène de l'établissement.