Fait d'hiver inspiré par l'actualité récente
Le Figaro :
Dans le train Paris-Orléans, une bande de jeunes racailles a sauvagement agressé de paisibles voyageurs. Ces derniers, pour la plupart des cadres actifs ou simples employés de bureau, à qui la mobilité a offert de belles carrières provinciales, se sont vus molestés et dépouillés de leurs effets personnels. Un jeune cadre de direction, du secteur bancaire, n'écoutant que son courage, a réagi vigoureusement lorsqu'un des assaillants s'en est pris à son lecteur MP3 I-Pod nano, revêtu du splendide et rarissime étui en cuir noir de chez Dior (voir notre article "les incontournables des fêtes" du n° spécial Figaro Madame de décembre). Ainsi, à coup de sac Prada bien garni, il a mis en fuite les jeunes banlieusards, issus de l'immigration maghrébine et sans titres de transport de surcroît, en les obligeant à sauter du train, circulant alors à faible allure. Il s'est vu proposer la légion d'honneur par notre efficace ministre de l'intérieur, présent à l'arrivée du train et ayant déjà pris toutes les dispositions nécessaires afin de limiter dorénavant l'accès aux quais de gare aux seuls voyageurs munis d'un contrat de travail.
L'Humanité :
Dans l'un des derniers trains assurant encore la liaison Paris-Orléans, une dizaine de jeunes désoeuvrés, à qui la société n'a plus laissé aucun espoir d'intégration, s'en sont pris à des voyageurs utilisant régulièrement les services de notre entreprise publique. La plupart de ces usagers, logés en Ile De France, ayant du sacrifier leur vie de famille et s'expatrier en province afin de trouver du travail, ont vécu cette agression comme une injustice et surtout une nouvelle preuve de l'incurie des pouvoirs publics. Ces heurts n'ont fait aucun blessé et seul un jeune loup de la finance, ne réagissant qu'au moment où les jeunes s'en sont pris à ses affaires, toutes de marques et ostensiblement mises en avant (provocation insoutenable pour ces jeunes qui n'ont rien et pour qui notre société de consommation n'est devenue que la seule valeur), a exercé une violence inouïe et disproportionnée en obligeant ces gamins à sauter du train en marche et encore à vive allure. Le ministre de l'intérieur, candidat à la présidentielle en perpétuelle campagne, était opportunément présent à l'arrivée du train pour féliciter le béliqueux et annoncer des mesures discriminatoires et poujadistes devant les micros et caméras convoqués pour la circonstance.
Têtu :
Train Paris Orléans de 7h30. Bondé. Chacun a pris place, et juste avant le départ sifflé par un magnifique stagiaire de la SNCF, une bande d'une dizaine de bogoss des téci ont pénétré dans le wagon de queue. Le voyage se présentait sous les meilleurs auspices ! Après quelques chahuts bon enfant, ils s'en sont pris aux costards cravate des premières, habitués de la ligne et ayant découvert les joies des transports et de le promiscuité, ne dédaignant pas quelques aventures dans les toilettes avant d'aller au bureau ! Certains attendaient avidement l'arrivée de ces jeunes mâles en rut, d'autres préparaient leurs appareils photos numériques afin d'immortaliser quelques scènes pour le net ou pour alimenter leur blog de belles gueules gourmandes. Quand un trentenaire plus classieux que les autres, discret jusqu'à présent avec son I Pod sur les oreilles, mais que les p'tits loulous commençaient à chauffer, a commencé à se lever et, tout en les toisant du regard, leur a demandé de le suivre un peu plus loin. Ces yeux de braise promettaient à eux seuls un moment rare, et les cousins bien remontés, et montés, imaginaient déjà la méga touze avec le mec le plus prometteur ! Le bo mec convoité les a attiré un par un près des chiottes, mais c'était pour mieux les envoyer se rétamer par la porte du train habilement ouverte sur l'éxtérieur ! Déçus, les mateurs tous en poste dans le couloir, la braguette déjà ouverte, s'en sont retournés à leur place, non sans fustiger du regard l'empêcheur de baiser en rond ! Le facho-fâcheux Sarko, en goguette dans le quartier, vînt congratuler le hardi voyageur et, tout en ne le quittant pas du regard (il le trouvait fort à son goût), fit la belle devant les caméras, avec les effets d'annonce habituels ... On n'est pas prêt de revivre cela avant un bail dans le Paris-Orléans (mais des p'tits poulets c'est pas mal non plus pour le breakfast dans le train !). Il faudra que la SNCF songe aux distributeurs de KPotes à bord !