Ce titre, cette proposition sont toujours emprunts d'un certain charme, d'un doux rêve pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister un jour à une représentation d'un opéra ou d'un ballet.
C'est la réflexion que je me faisais l'autre soir, installé au balcon extérieur du Palais Garnier, regardant au loin l'avenue de l'Opéra, quelques minutes avant d'assister au ballet chorégraphié par Marie Agnès Gillot : Sous-Apparence puis celui de Merce Cunningham : Un Jour ou Deux .
Pourtant, derrière ce qui peut sembler un moment exceptionnel, il y a toujours ces petites mésaventures que je me dois de vous conter.
La première est bien évidemment d'obtenir son billet. Je m'exclue du propos puisque je suis régulièrement invité mais pour de grands moments, les billets sont souvent vendus en un temps record, aussi vite et bien plus discètrement que ceux d'un concert de lady Gaga, Madonna, Mylène Farmer ou consorts.
Vient ensuite le choix de la tenue. Si nous ne sommes pas aux Etats Unis où les efforts de toilette sont un vrai investissement, alors même qu'à Paris, Garnier ou Bastille voient arriver Marie Jo et Patrick en tenue propice aux courses au supermarché. Sans aller jusqu'à la robe longue ou le smoking, un petit effort est toujours apprécié ce qui vous vaudra forcément un arrachage de cheveux pour être inspiré...
Ensuite, après avoir franchi les escaliers, et regardé hébété les plafonds et colonnades, vient le moment de s'asseoir. Si l'espace est immense, il l'est surtout pour l'air ambiant et la scène, car les fauteuils rouges datent de l'époque ou les hommes et les femmes étaient plus petits, portaient corset ou gilet et se tenaient droit. Il faudra aussi se contorsionner pour contourner la tête de la personne assise en face de vous, qui a un tronc si long que vous ne pouvez apercevoir que la moitié de la scène.
Comme les spectacles débutent à 19h30, n'imaginez pas diner avant. En arrivant de votre bureau, transpireux de la journée de travail, et éreinté après un parcours dans les transports en commun pour arriver à l'heure, votre estomac devra être dompté pour éviter tout bruit durant le spectacle et ces quelques moments de silence.
Et puis viendra ce moment paisible où, porté par la musique et la chaleur ambiante, votre tête ou celle de votre voisin se mettra à dodeline, au rythme des entrechats et vous vivrez alors un moment unique : celui où vous partagerez l'intimité de votre voisin de siège, somnolent, offert à la rêverie, son souffle ralenti, ce temps de l'abandon que seul son conjoint peut connaître dans la chambre close.
Et enfin, je n'oublie pas, en l'occurrence ce formidable moment de danse offert par Marie Agnès Gillot et ces hommes sur les pointes, dans des costumes de Walter Van Beirendonck, ou bien ce moment de pure danse, proposé par Merce Cunningham, sur une musique de John Cage.
Pour ces bonheurs, les petits désagréments sont vite oubliés !
Spectacles jusqu'au 10 novembre à Garnier