Petite lecture du week-end sur le site de The Pariser et mon retour de la vente Hermès Vintage de mi-novembre.
Article reproduit :
Si la vue d’un sac Hermès neuf vous parait aussi bling bling qu’arborer une montre un peu grosse et dorée, la vente aux enchères d’articles Hermès “vintage” chez Artcurial était pour vous.
Plus de 800 lots mis en vente, du fameux Birkin en peau de crocodile au carré de soie avec cette patine so chic! Nous étions donc aux premiers rangs pour vivre pleinement l’événement.
Première erreur stratégique, car jouer aux bons élèves ne sert à rien, mieux vaut sentir la salle du fond. Et premier étonnement, la salle était pratiquement vide aux premières heures; ce qui n’empêchait pas d’être déstabilisé, un expert en carré confiant à sa voisine que la vente ne serait pas intéressante car “la semaine dernière, à Drouot, les carrés partaient à des prix stratosphériques, au dessus de 400 euros”.
Très tôt, nous avons ainsi perçu que chaque personne présente était un adversaire en puissance. Comme au poker, nous nous sommes réfugiés derrière nos lunettes de soleil et avons veillé à contrôler nos faits et gestes.
Face à nous, le tribunal ou plutôt le commissaire priseur, au demeurant charmant. A ses cotés, un aéropage de jeunes filles, l’oreille collée au téléphone ainsi qu’un “monsieur internet” comme il l’appelera toute la journée.
Muni d’une sorte de raquette de ping pong jaune fluo portant le numéro 299, nous étions fin prêt à l’exhiber, à tout moment, non sans avoir joué du poignet pour le rendre athlétique.
La séance démarra tout en douceur chacun semblant tester la mécanique.Les premières surprises furent de voir partir d’anciens Kelly de bonne facture, autour de 500 euros, donnant l’envie d’en acquérir pour le Griffon, même si l’usage aurait été à définir…
Très rapidement, nous avons été chiffonné par ce “monsieur internet” qui ne disait pas son nom, auquel le commissaire priseur se référait à chaque fois, et qui avait en plus le culot de régulièrement nous chiper la dernière enchère. En face, les dames au téléphone pressaient leur interlocuteur de surenchérir éventuellement prestement, ce qui n’était pas le cas de “monsieur internet” qui se donnait le temps de répondre. Dans la salle, nous avions parfois l’impression de faire office de figurants…
Les lots passaient les uns après les autres dans un rythme qui s’accéléra progressivement, à chaque fois, présenté de façon très conventionnelle par les huissiers en tenue noire et gants de velours, magnifiant tous les objets, même le bourre pipe, qui nous offrit enfin un joli sourire du commissaire priseur.
La notion de prix disparut très rapidement car en fin de matinée, les choses s’emballèrent. Alors que nous n’avions pas levé une seule fois le bras, et sans doute pris par une démangeaison et surtout pour tester notre souplesse du poignet, nous firent monter quelques enchères. Bien évidemment, rien ne fut emporté par The Pariser, juste un plaisir coupable d’avoir augmenter le prix pour le surenchérisseur qui rêvait de l’objet. Nous sommes même aller jusqu’à mesurer l’importance de notre lever de coude : pour un petit objet, il valait 10 euros tandis que pour un Birkin, chaque lever valait 100 euros minimum. Mieux qu’un coureur de 100m, en quelques secondes, plusieurs levers valaient rapidement 600 à 800 euros : une belle performance pour des novices.
Pris dans notre propre jeu, nous nous sommes sentis perdus, portés par les paroles du commissaire priseur jusqu’au moment où il s’écria “Vous voulez 12.000?, 13.000?, 14.000?”
Etait-ce parce qu’il nous trouvait sympathique? Parce qu’il voulait aider un nouveau journal qu’il nous proposait une telle somme?.. à moins qu’il ne s’agisse d’un langage du milieu, largement réduit pour nous signifier : “Souhaitez vous surenchérir à hauteur de 12.000 euros cher Griffon?” C’est à ce moment là que nous avons compris qu’il fallait arrêter de lever la “patte” d’une part pour éviter de ruiner notre jeune entreprise, d’autre part ne pas avoir à porter à bout de bras un sac Birkin en peau d’alligator jaune poussin!
Heureusement l’heure de déjeuner permis à chacun de reprendre ses esprits et surtout de nous réinstaller pour le début d’après midi, au milieu de la salle cette fois.
Cette dernière se composait de nombreux couples d’un certain âge avec épouse en fourrure, de quelques professionnels que l’on pouvait reconnaître 1/ aux bottes crottées 2/ au foulard autour du cou et à la casquette vissée 3/ aux notes précises figurant sur le catalogue, de badauds venus vivre comme nous cette expérience et tentant parfois mollement d’enchérir.
L’après midi fut une sorte de parenthèse pour des objets divers et variés, sans grand intérêt hormis la pause du goûter avec distribution de bouteilles d’eau et de petits gâteaux secs, une façon de nous réanimer tant la chaleur de la salle nous engourdissait.
Le rituel était désormais bien installé entre les enchérisseurs de la salle, les dames au téléphone et toujours le “monsieur internet”, rythmé par le tomber de bâton, ou plutôt de marteau. Bientôt une évidence, la vente se prolongerait jusque tard dans la soirée.
Et c’est bredouille,que nous rentrerions, les laisses et colliers n’ayant pas été au programme.
Dommage, le griffon qui est en train de devenir une star le valait bien…
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