Du brieuc, du léger... c'est la chronique briochine.
Ils étaient venus à sa fête.
Elle est arrivée ce soir là, petit bout de femme, et s'est mise à crier : "on va tout niquer ce soir!"
Puis elle s'est retournée et s'est mise à danser, amusée.
Cela ne voulait rien dire, ce "on" et ce "tout niquer".
Elle les aura dits, comme ces enfants qui emploient des gros mots, sans en connaître véritablement le sens, mais les jettent en patûre, juste pour se rendre intéressant.
Elle exhibait des images terribles d'enfants qui meurent de faim, de bombes, de guerre mais poussait la musique au maximum. Elle voulait nous montrer mais ne pas nous faire entendre. Elle répétait "Stupide", comme un cri de guerre, pensant effrayer avec ce mot si vain. Juste choquer.
Elle était habillée de collants, d'une jupe en tulle et d'une sorte de veste très épaulée.
Très certainement un déguisement , des vêtements chipés dans l'armoire de ses parents.
Plusieurs fois, elle réapparaîtra dans d'autres tenues, certaines très colorées comme ce short en satin rouge avec des lunettes en plastique blanc en forme d'étoiles, ou très sombres avec une superposition de colliers fluos. Elle s'était même fait des couettes.
Elle voulait s'amuser, se déguiser.
Et puis elle n'arrêtait pas de bouger : elle sautait à la corde, "faisait" la boxe, se roulait par terre, courait d'un endroit vers un autre, frottait la guitare électrique comme la baffe, montait dans une voiture pour en redescendre immédiatement.
Et puis elle criait, elle voulait qu'on l'aime, elle chantait : "Tu dois m'aimer" ("You Must Love Me"), insistait pour qu'on chante avec elle, qu'on saute quand elle avait décidé de sauter.
Elle regardait qui elle voulait et ignorait ceux qui ne la désiraient pas. Toujours devant, jamais la dernière, avec son prénom ou ses initiales répétées à l'envi.
Autoritaire et capricieuse, cette petite fille.
Elle était arrivée en retard sans s'excuser et allait disparaître au moment ou chacun voulait rester avec elle.
Insaisissable.
Elle proposait des bonbons mais précisait qu'ils étaient durs.
Elle voulait prendre mais ne rien prêter.
Finalement seule.
Les amis qu'elle avait invité à chanter avec elles n'étaient pas là : ni Britney, ni Kanye, ni Justin, ni Pharrell et encore moins Michael, un copain de son âge qui l'avait quitté la semaine d'avant.
Alors elle resta bloquée sur une époque où elle était heureuse en revivant les moments qu'elle avait vécu : les vacances (holiday), ouvre ton coeur (open your heart), glacée (frozen), l'île heureuse (la isla bonita)
Alors cette petite fille seule, autoritaire et capricieuse disparut quand elle demanda "donne le moi" (give it to me).
Aura t'elle eu ce qu'elle voulait?
Madonna, jeudi 9 juillet 2009
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