La lecture concomitante d'un article de journal sur la volonté du prince Mavendra Singh Gohil, premier membre ouvertement gay d'une dynastie royale indienne de fonder une maison de retraite pour homosexuels à Rajpipla, sa ville d'origine dans l'État du Gujarat, et ma venue à Concremiers, chez des amis m'interrogea sur ce que nous ferons quand nous serons vieux... très vieux!
En effet, sans vouloir prôner le communautarisme ou le sectarisme, et à condition de vivre vieux, que se passera t'il?
Concremiers (quoi?) est un village de 600 âmes, à proximité du Blanc (???), où habite mon ami Edmond, dans la Région Centre... en clair un bled paumé où je retrouve une petite communauté d'amis qui au fil des ans s'est constituée : Peter Harvey, décorateur de théâtre, 75 ans, américain vient passer quelques semaines par an.
André et Youn, tous deux retraités, l'un ancien marin chez P&O breton et l'autre architecte anglais, ont retapé d'anciens bâtiments de ferme uniquement avec des matériaux et des artisans anglais. Ils y habitent à l'année. Un autre couple gay d'américains habitant près de Philadelphie, à Jim Thorpe, vient d'acheter une petite demeure, tandis que d'autres viennent y séjourner.
Tous se connaissent depuis de très nombreuses années et par le gré du hasard et des rencontres se retrouvent dans ce village.
Nous nous retrouvons une fois par an, voire tous les deux ans, sur la terrasse de l'une des maisons à discuter en anglais ou en espagnol, parfois en français, selon les invités présents.
Peter repart en fin de semaine pour achever un projet à Dresde, Gary l'ami américain d'Edmond revient d'Amsterdam et Youn réalise encore des projets d'architecture.
Le parallèle est vite fait avec Karl Lagerfeld et ses +70 ans au compteur, son activité toujours débordante, toujours en avance sur son temps. Personne n'irait le traiter de vieux.
Et pourtant, un autre ami, Patrice, travaille dans une maison de retraite somme toute très classique, et une visite faite un jour nous avait un peu... déstabilisé.
Après des années de vie riche, active, se retrouver amoindri, à vivre en collectivité, pousse à penser à d'autres choses... car l'âge avançant, il semblerait que l'on ne puisse pas choisir quand quelle collectivité vivre, quelle communauté nous accueillira. Cette obligation de se retrouver "parqué" pourrait peut être être le signe de ces petits vieux qui s'ennuient dans ces fameuses maisons de retraite un peu comme ces animaux sauvages en cage.
Alors l'idée de partir à Concremiers qui jouirait d'un climat digne du film "Coccoon" est forcément plus excitante.
Des retraites actives, des amis qui voyagent dans le monde entier et le temps qui semble se suspendre à Concremiers.
Finalement la peur de vieillir s'est dissipée.