Chacun se souvient de son Lagarde & Michard. Certains ont étudié le texte pour le bac de Français. Tout le monde connaît la principale oeuvre de Voltaire : "Candide" conte philosophique écrit à la suite du tremblement de terre de Lisbonne en 1755, pour s'opposer aux philosophes du moment pour lesquels nous étions dans «le meilleur des mondes possibles» puisque Dieu l'avait créé pour nous, alors que tous les événements du quotidien attestaient du contraire.
Dans les années 50, Léonard Bernstein reprend ce conte pour l'adapter en opéra comique ou plutôt comédie musicale, en plein maccarthysme et le présente en 1956 pour finalement l'enregistrer en 1989. Il aura connu un succès moindre que son west side story mais c'est pourtant ce projet qui est présenté jusqu'au 31 décembre au Théâtre du Chatelet.
Pas la peine de courir, tout est complet depuis longtemps.
La version présentée et mise en scène par Robert Carsen est une satire grinçante mêlant Voltaire, les années 50 avec son american way of life, une parodie de Marilyn, de Kennedy et de Jackie, des pétrodollars et nous renvoie à notre réalité.
En effet, si nous passons sur la critique des grands de ce monde (la scène avec Chirac, Blair, Poutine, et Berlusconi est la plus évidente),
de l'armée, de la religion et de l'église , de la société de consommation, au travers du regard de Candide qui passe de l'optimisme du docteur Pangloss au pessimisme de Martin pour au final s'accorder sur le fait que le bonheur se trouve en chacun d enous et la phrase qui le résume en «cultivons notre jardin», notre fameux jardin est bien mal en point : pollution, réchauffement climatique, guerres, famines... et fort d'actuazlité après le livre et débat de Nicolas Hulot ou le doucmentaire "la vérité qui dérange" d'Al Gore, notamment.
La mise en scène force le trait avec beaucoup d'insolence et d'ingéniosité dès le début avec cet écran de télé, symbole des années 50 mais aussi de ce qui nous est déversé chaque jour dans les journaux télévisés, ce doigt que nous fait Voltaire ou bien encore l'enchaînement de toutes ces situations absurdes.
Au delà des deux chanteurs William Burden qui joue Candide et Anna Christy en Cunégonde, ma préférence va à Kim Criswell qui joue la "Vieille femme" et son superbe show de Las Végas et bien évidemment à Lambert Wilson, plus américain que les autres, qui joue Voltaire, Pangloss et Martin, récite, chante, danse, alterne le français et l'anglais et une présence continue sur scène.
Un superbe spectacle pour bien finir l'année.
Pour ceux à qui j'aurais donné envie de le voir, une séance de rattrapage aura lieu, à la télévision, le samedi 20 janvier 2007 à 22h30 sur Arte.
pour ceux qui veulent un résumé de l'histoire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Candide
PS : Candide qui signifie blanc n'a rien à voir avec Ségolène et sa veste immaculée.