Lundi matin, très tôt, 5h10 du matin, il ne fait pas trop froid, le vent ne s'est pas encore levé. Le métro dort encore, j'emprunte un taxi perdu dans le quartier de Barbès, encore vide de sa foule habituelle et de ses revendeurs de tout (marlboro, parfum chanel...). La voiture roule à vive allure, les feux sont au vert.
Il est 5h25 et le trottoir est déjà occupé par quelques habitués toikoïtes. Avec le temps, je les reconnais et certainement eux aussi, sans doute pour être à chaque fois le premier "européen" à attendre avec eux. Ils sont là depuis minuit enveloppés dans leur couverture argentée. Postés devant la salle Gaveau, certains pourraient penser que nous attendons pour acheter un quelconque billet d'un illusoire concert.
A 5h45, un couple d'américains, déjà vus lors des précédentes saisons me rejoignent et entament la conversation. Jim est de Boston et arrive tout droit de vacances du Vénézuela pour rejoindre ici son amie Méryl, elle débarquée depuis 2 jours de Londres où elle a quitté mari et enfants pour s'offrir son "carré". Ils sont amis et viennent ici tous les ans passer deux jours à Paris dont cette matinée aux soldes Hermès. Le temps passe vite et la foule grossit, la queue s'allonge et se métisse : toujours des japonais, de nouveaux américains, notre couple belge vu tous les 6 mois, quelques françaises toujours plus lève-tard, et notre grand mère arrivée à 6h30 qui cherche à passer devant tout le monde. Comme le jour, le froid et le vent se lèvent. Les premiers cafés alentour ont ouvert et petit à petit par groupe, certains vont se réchauffer. Pendant ce temps, les femmes de ménage des bureaux environnants ont repris le métro de la station Miromesnil vers 7h pour être remplacés par les premiers ouvriers, postiers, et éboueurs. Vers 7h30, c'est le tour des premiers cols blancs à peine réveillés et médusés de découvrir ces drôles de personnages vétus de fourrure, sacs de marque, assis à terre, sur des cartons. Les vigiles arrivent et commencent leur enquête :portez vous des articles Hermès sur vous ? C'est drôle de tous se voir énoncer une belle liste de vêtements ou d'accessoires.
A 8 heures, les tous premiers déblaient leur couchage et permettent donc à la foule de se rapprocher et de commencer à s'amasser devant la porte d'entrée. La dernière heure est la plus difficile : le froid pénètre les vêtements, certains s'énervent, de nombreuses personnes bon chic bon genre tentent de resquiller traitant les japonais de chinois, quelques françaises s'improvisent police secrète en criant comme des poissonnières ou une micro société qui s'organise. Et puis à 9h00 pile, la porte s'ouvre et nous entrons fièrement dans ce hall pour découvrir le Monde Hermès... soldé!