Plus je lis ce texte de L', plus je le trouve beau :
"Je n’avais jamais pu envisager ma vie avec un homme, j’en rêvais, je l’idéalisais, je me voyais me réveiller dans ses bras ou lui tenir la main dans la rue … Mais comment faire confiance à ces mecs qui, comme moi je l’avoue, cherchaient le plaisir immédiat, pour qui le jeu de la séduction n’a que peu de règles et la fidélité n’est qu’une belle gageure.
Alors j’ai choisi le mensonge, la facilité, la tranquillité. Une vie sans surprise, 15 ans de parjure, où je n’ai assouvi qu’un de mes rêves : élever des enfants. Je les aime, il n’y a aucun doute possible. Ma femme n’était que ma meilleure amie finalement. Elle partageait avec moi les mêmes valeurs pour l’éducation de nos enfants, les mêmes analyses humanistes et politiques de la société, mais pas de quoi bâtir une vie, pleine, entière, puisque tout était faussé au départ : je ne l’aimais pas. Nous étions finalement très semblables, trop pour être complémentaires et heureux.
Et puis il y a eu Toi. Tu dis que tu ne m’avais même pas vu, que tu ne cherchais surtout pas un mec, et que c’est uniquement ton analyse sociologique de l’intérieur d’un homme marié, PD refoulé, et ta curiosité qui t’ont fait accepter mon invitation pour la nuit (je ne te dis pas la rage quand j’ai entendu ça). Moi je n’ai vu que toi.
Les semaines ont passé, quatre mois bientôt. Notre histoire est allée vite, j’ai tout déballé pour passer à autre chose, comme si je pouvais tout gommer, me soigner, pour ne plus qu’être dans le vrai, enfin. Toi tu continues ta route. Moi je cours derrière, devant, rarement à tes côtés. Mais je m’accroche, je patauge pas mal, parfois j’étouffe de jalousie, de colère, d’incompréhension, mais je me régale de t’embrasser, te faire l’amour, t’écouter pérorer sur la mode ou Madonna, te regarder faire le fier devant ta glace, ou te préparer longuement. Ces moments là sont beaux, bons, magiques pour moi.
Pourtant j’ai l’impression le reste du temps d’avoir tout faux : je ne connais rien à la mode, à la musique, aux boutiques, aux ex, aux amis, aux films de q, au bon goût … tes amis doivent me trouver chiantissime, j’adore danser mais avec toi ou comme un sauvage, j’aime le théâtre, le spectacle vivant en général, le don des artistes, leur travail … mais mes discussions tournent autour de ma vie, enfin l’ex, et je ne suis pas super avenant.
J’aime la façon dont tu t’occupes de moi, les fringues que tu me conseilles, je me sens plus beau ; j’aime nous préparer à manger, parler de toi avec n’importe qui, monter les dernières marches de ton immeuble avant de te retrouver, t’embrasser longuement au lit, me balader dans la rue avec toi, sentir ta tête sur mon épaule ou ta main dans la mienne, t’offrir des choses, ému et attentif à tes réactions …
J’ai beau essayé de me corriger, t’écrire tout et son contraire, j’attends finalement que tu me rendes ma confiance, que tu partages réellement avec moi le présent et l'avenir à travers des projets communs, que tu sentes quand tu as pu être blessant, que tu me dises ce que tu attends. Cela ne veut pas dire que je veux t’enfermer, t’obliger à rester collé à moi, ce n’est pas le problème, mais juste que tu me dises si je me plante, pour avancer, progresser, il faut que je le sache. Tu écris formidablement bien, tu partages tes sensations, tes émotions sur ton blog, mais comment veux-tu que je m’y retrouve quand tu traites tout le monde sur un même pied d’égalité. L’amour existe aussi à travers ce que tu veux en montrer et ce qu’en te retournent les autres. Ne me réponds pas juste pour être débarrassé, sous la contrainte, en 2 mots ou 3 lignes, mais parce que tu y crois, qu’on puisse passer à autre chose qu’à mes déclarations sûrement stupides, qui t'emmerdent, mais qui attendent tellement un écho. Je suis amoureux, passionnément, tu me manques, rageusement, et j’ai tant besoin de me dire que je ne fais pas fausse route, encore une fois.
Je te l’ai dit, après j’arrête. Je sais aussi être léger, frivole, courtois, bien élevé, mais ça ne rime pas toujours avec l’amour. Alors mon homme, si tu es mon Il, je t’attends." (L')